Tourisme : la Cour des Comptes fait le bilan

Evolution fréquentation touristique à la Réunion

Evolution du nombre de touristes à la Réunion de 1990 à 2012

Le secteur du tourisme a connu une expansion durant la décennie 90, il est en crise depuis le début des années 2000 selon la Cour des Comptes

La cour des comptes vient de publier le bilan annuel 2014. Une section intitulée "LE TOURISME EN OUTRE-MER : UN INDISPENSABLE SURSAUT" met à mal le tourisme des DOM-TOM et notamment le tourisme à la Réunion. Voici un résumé du bilan des 22 pages :

En présentation, la Cour rappelle que le secteur du tourisme est en crise depuis 2000. Selon elle, la crise économique internationale ne peut expliquer à elle seule cette situation (eu égard au dynamisme des îles concurrentes) et évoque d'emblée des difficultés structurelles, des collectivités peu dynamiques et une action publique inefficace.

"Un secteur en crise"

Une première partie titrée "un secteur en crise" rappelle les enjeux économiques et sociaux du tourisme (en clair, il est notamment créateur d'emplois), présente l'évolution du nombre de touristes de 1990 à 2012, et évoque les différentes crises qui ont frappé le secteur. "A La Réunion, l'épidémie de chikungunya en 2006 a entraîné une baisse de 32 % de la fréquentation touristique et un recul historique de 40% de la fréquentation des hôtels. Près de la moitié de la capacité hôtelière de l'île et 500 emplois ont été alors perdus. Depuis 2011, la destination réunionnaise se trouve confrontée à la crise requin".

La cour des comptes compare aussi la Réunion avec les îles proches : "Dans l'océan indien, La Réunion est en retrait par rapport à ses concurrents, Maurice (965 000 touristes en 2012) et les Maldives (958 000 touristes), qui ont connu une croissance supérieure à 30 % ces dix dernières années."

"Des collectivités peu dynamiques"

Le titre de la 2ème partie du document ne peut pas être plus explicite : "Des collectivités peu dynamiques". Ici, la Cour des Comptes estime que les stratégies touristiques sont peu offensives, que les plans de développement sont trop anciens et que les objectifs ne sont pas assez rationnels voir irréalistes (ex de la Réunion qui compte accueillir 600 000 touristes en 2015, mais qui ne dispose d'une offre en hébergement suffisante). Les atouts ne sont pas assez valorisés, et concernant le classement de la Réunion en 2010 au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, "la stratégie touristique réunionnaise ... reste silencieuse face à un produit d’appel et de notoriété majeur"

La cour des comptes parle aussi de mauvaise coordination entre les acteurs notamment pour la réalisation / modernisation des aménagements (de parking, signalétique, sentiers de randonnée, littoral, ...)

"Des actions publiques inefficaces"

La 3ème partie traite de "l'échec" de la promotion touristique et de la forte dépendance vis à vis des touristes métropolitains. La Cour évoque également les problèmes récurrents et structurels que sont le coût des billets d'avion, les difficultés liées à l'obtention des visas pour les étrangers, le manque d'accueil et de formation, la faible capacité hôtelière et des dispositifs de défiscalisation immobilière qui ne "rendent pas service" au tourisme

Conclusion et recommandations de la Cour des Comptes

"Les atouts indéniables de la Guadeloupe, de la Martinique, de La Réunion et de la Polynésie française font du tourisme un secteur d’avenir pour les quatre destinations. Pour autant, les résultats ne sont pas à la hauteur des potentiels.

La baisse des fréquentations s’explique notamment par des raisons structurelles et par le manque de dynamisme des politiques publiques mises en oeuvre. Ces îles n'ont pas su mettre en place une stratégie touristique innovante. Les régions et la Polynésie française ne jouent pas leur rôle de coordonnateur d’un secteur dans lequel interviennent tous les niveaux d’administration locale. Les actions de promotion sont privilégiées mais largement inefficaces, tandis que l'offre n'est pas adaptée aux attentes de la clientèle internationale." 

La Cour et les chambres régionales et territoriales des comptes formulent les recommandations suivantes :

Pour les collectivités:
1. élaborer un plan stratégique, actualisé, fondé sur une observation du secteur, fixant des orientations priorisées à moyen terme ;
2. demander aux comités du tourisme [l'IRT pour la Réunion] de réaliser un plan d’actions opérationnelles dans le cadre d’un schéma de développement du tourisme et des loisirs ;
3. exercer une coordination effective des interventions des différents acteurs publics et privés, tout particulièrement dans le champ relatif aux aménagements touristiques et aux activités de nature ;
4. développer une politique de formation et de sensibilisation des professionnels et de la population afin de mieux répondre aux attentes de la clientèle internationale ;
5. simplifier et stabiliser les dispositifs régionaux d’aides aux investissements hôteliers et les inscrire dans le cadre d'un guichet unique ;
6. renforcer la coordination sur les disponibilités foncières et élaborer une stratégie sur les friches existantes ;
7. définir durablement des thématiques et des pays cibles prioritaires et évaluer les résultats obtenus.

Pour l'État :
8. supprimer les défiscalisations « Girardin » en faveur des investissements productifs et les remplacer par d'autres modes d’intervention, moins coûteux pour le budget de l'État et plus efficaces."

Suite à ce bilan, une large place est laissée aux réponses des élus

Le bilan annuel 2014 sur le tourisme en Outre-Mer est disponible en téléchargement sur le site de la Cour des comptes :  <link http: www.ccomptes.fr content download version file _blank external-link-new-window>Accès direct au doc PDF (539 ko) 

Evolution fréquentation touristique à la Réunion

Evolution du nombre de touristes à la Réunion de 1990 à 2012